La question vient inévitablement du jury lors de l'accréditation d'un coach par une fédération professionnelle telle que la SF Coach. Ou d'un DRH recrutant un coach professionnel. C'est une des questions auxquelles j'ai répondu lors de ma propre accréditation en tant que Titulaire à la Société Française de Coaching (Novembre 2016).
D'abord, le cadre de référence, ça nous concerne tous ! On en a tous un...
Début de réponse avec cette définition proposée sur le site www.e-marketing.fr
Extrait :
"Le cadre de référence, ce sont les lunettes au travers desquelles chacun voit le monde.
Nous le forgeons petit à petit en fonction de notre culture, notre éducation et nos expériences.
Notre perception de la réalité peut être très différente de celle des autres".
J'ajoute que de mon point de vue, chacun peut/a intérêt à le faire évoluer,
Pour ne pas s'enfermer dans des schémas bloquants ou répétitifs.
Mais pour le coach professionnel, le cadre de référence doit être connu et décrypté, car il est une des constituantes de sa pratique professionnelle !
Selon le point de vue duquel on se place, le sens donné à une situation est différent.
Alors en tant que coach, comment accéder au point de vue de l'autre, sans être empêché par le nôtre ?
Pour le coach, connaître et questionner son cadre de référence est indispensable, cela fait partie de la connaissance de soi nécessaire à la pratique. Tout ce qui se trouve dans le cadre de référence du coach aide celui-ci à produire des hypothèses, proposer des angles de vue, inférer, se décaler, étonner, confronter, voire déstabiliser au besoin...
Le coach connaît-il bien ses propres filtres ? Comment est-il agile et capable de mobiliser ses grilles de lectures pour accéder au sens que donne le coaché à la situation qu'il apporte en séance ? Comment le coach tient-il à distance ses croyances, convictions, envies de donner des conseils ?
Ce questionnement est une partie essentielle du savoir-faire du coach.
Son cadre de référence, sa "carte du territoire", doit être suffisamment ouvert au non-déjà-connu pour intégrer une/des réalités plus larges.
QUANT À MOI, QU'EN EST-IL DE MON CADRE DE RÉFÉRENCE ?
Il présente naturellement de multiples facettes. En voici quelques-unes :
Il se façonne depuis très longtemps et continue d'évoluer au fil de mon expérience, de ma formation, du travail avec mes clients, de ma supervision. Et aussi de la natation, du yoga, des voyages, etc.
L'observation des gens
Retour aux sources. Car c'est ainsi que ça a commencé pour moi : par l'observation des gens.
D’aussi loin que je me souvienne, enfant déjà, j’ai toujours aimé observer les gens et élaborer des hypothèses sur leur vie. Assise près d'eux, ou debout à l'écart, j’ai aimé observer et écouter les adultes et tenter de les comprendre.
La curiosité et l'ouverture au récit de l’autre, à sa vision du monde, à son besoin de changement
La curiosité de l'autre est toujours présente. Le récit de l'expérience telle qu’elle a été vécue, le récit de son projet. Mon approche est imprégnée des Pratiques Narratives, auxquelles j’ai eu la chance de me former avec Michael White qui en a conçu le modèle à partir de son travail en Australie auprès des Aborigènes.
La curiosité et la culture du récit et de sa construction, du langage, du choix du vocabulaire, de la métaphore, des images et de tout ce qui permet d’épaissir et d’enrichir l’expression des idées, constituent un véritable socle pour mon travail.
Le langage
En passant par les prémisses de la sémantique générale
"Une carte n'est pas le territoire", titre du livre passionnant d'Alfred Korzybski. Lu à l'été 2014.
Des extraits :
(...) "Les prémisses du système non-aristotélicien peuvent être exprimées par la simple analogie de la relation d'une carte avec le territoire :
1) Une carte n'est pas le territoire
2) Une carte ne représente pas tout le territoire
3) Une carte est auto-réflexive, en ce sens qu'une carte 'idéale' devrait inclure une carte de la carte, etc., indéfiniment
En analogie avec la vie courante et le langage, ces prémisses se transposent ainsi :
1) Un mot n'est pas ce qu'il représente
2) Un mot ne représente pas tous les 'faits', etc.
3) Le langage est auto-réflexif, en ce sens que nous pouvons, dans le langage, parler à propos du langage.
(...)
OUI : dans nos interactions, la représentation (carte) devrait se distinguer de la réalité qu'elle décrit (territoire).
Voyons-cela, au moins, comme une invitation à ne pas considérer notre observation des faits, des choses, des phénomènes comme exacte : elle se fait toujours à travers nos filtres personnels, culturels, physiologiques, etc.
"Une carte n'est pas le territoire" illustration par la photographie d'un travail réalisé par un étudiant des Beaux-Arts à partir du concept vulgarisé par Korzybski.
La carte touristique de Berlin est dépliée. Recréée. Avec un nouveau regard, l'étudiant se la réapproprie sur la base de nouveaux paramètres. La carte devient alors carte sociologique. La carte n'est plus géographique.
C'est une autre carte du même territoire.
La psychanalyse
7 ans en tant qu’analysante : je peux grâce à cela rencontrer mes résonances dans l’écoute de mes clients avec une certaine agilité et une certaine distance.
Accéder au cadre de référence de mon client me renseigne sur ce qu'il vit : quelle est sa vision de la situation, qu’est-ce qui est important pour lui, là ? En tenant à distance mes propres filtres pour respecter son point de vue. Avant de l’inviter à d'autres angles de vue.
Le cadrage de la relation : le cadre est garant de sécurité et de liberté du coaché
Le cadre de la relation, je l'ai expérimenté dans la relation analysant-analyste, puis j'y ai été formée à une école exigeante.
Ce cadre doit être posé sur la relation : il garantit la qualité de la relation coach-coaché.
Dans ce cadre, on va trouver sécurité et liberté, pour accéder à d'autres angles de vue, envisager de nouvelles perspectives, s’autoriser à ouvrir son champ de vision pour se donner des moyens d'agir.
L'alliance inconditionnelle
Accepter que le lien transférentiel se mette en place dans une optique d’alliance inconditionnelle qui va soutenir mon client dans son engagement à atteindre le résultat visé. Il s'agit pour moi de me sentir concernée par ce qui se passe dans la relation tout en restant garante du cadre, de l’objectif de travail et de la durée du coaching.
La Systémique
Repérer les interactions entre les différents éléments du système du coaché, plutôt qu'observer les éléments isolément les uns des autres.
Etre attentive à l’équilibre du système dans lequel évolue le coaché. J'observe avec lui en quoi son changement, ses avancées, ses découvertes contribuent à une réorganisation de l’espace de chacun dans le système. En fonction de la marge de manoeuvre dont il dispose.
La connaissance et l'expérience de l’entreprise
Cette connaissance de l'entreprise et du changement organisationnel contribue à ma légitimité à intervenir dans le champ de la vie professionnelle de mes clients.
Plusieurs expériences professionnelles au sein de grandes entreprises, françaises et internationales : Bred Groupe Banques Populaires, William Saurin, Electrolux, Toshiba Electronics France puis Toshiba Electronics Europe GmbH
Au sein de ces entreprises, j’ai connu et traversé avec les autres salariés, des mutations profondes. Dans deux de ces entreprises en particulier, j’ai contribué à la conduite du changement : le mien et celui des autres salariés.
C'est d'abord en entreprise que j'ai pris le parti d'accompagner,
Avant d'en faire mon métier auprès des professionnels de tous horizons.